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Analyse critique du Guide de l'étudiant pour écrire avec ChatGPT d’OpenAI
Par SylvAIn Montmory – Créé le 5 mars 2025 – Temps de lecture par une IH : 15 min
Qui aurait cru que ChatGPT me donne la leçon pour aider les étudiants ? Et pourtant, OpenAI vient de publier un guide à l’attention des étudiants pour « mieux » utiliser ChatGPT en travaux académiques. Sur l'écran, l’intention fleure bon l’utopie : « utilisé de façon réfléchie, ChatGPT peut aider à développer une pensée rigoureuse et une écriture claire », clame la firme. En clair, l’IA boosterait la créativité, la compréhension de concepts complexes et la relecture de brouillons, tout en évitant – promis, juré – de remplacer l’étudiant dans sa propre dissertation. Noble, n’est-ce pas ?
Sauf qu’OpenAI avoue aussi du bout des lèvres que confier l’écriture complète d’un devoir à la machine rendrait celui-ci « contre-productif pour l’apprentissage ». Délicat euphémisme pour dire : « Faites attention, c’est pratique, mais ça anesthésie le cerveau.. » Ce guide se décline en douze points (plus un appel final à la transparence, parce qu’on n’est jamais trop prudent) censés aider les étudiants à tirer le meilleur de ChatGPT sans se laisser happer par la paresse ou la triche. Reste donc une question en suspens : ces conseils valent-ils vraiment la peine ou ne sont-ils qu’un joli parapluie marketing ?
1. Déléguer le travail fastidieux des références bibliographiques à ChatGPT
"L'IA excelle dans l'automatisation des tâches fastidieuses comme la mise en forme des références (MLA, APA, Chicago...). N'oubliez pas de vérifier chaque détail par rapport aux sources d'origine pour garantir leur exactitude." Guide de l'étudiant de ChatGPT by OpenAI
OpenAI suggère de confier à l’IA les tâches répétitives de formatage des références bibliographiques. Qui n’a jamais pesté en devant mettre en forme une bibliographie selon des normes tatillonnes ? ChatGPT excellerait à automatiser ces besognes et permettrait à l’étudiant de se concentrer sur « la partie à plus forte valeur : être créatif, trouver des idées originales et formuler un argument imparable ». Sur l’écran blanc, gagner du temps sur la forme pour se consacrer au fond est un argument imparable.
Mais la réalité est moins idyllique. OpenAI glisse d’ailleurs une mise en garde : il faut vérifier chaque détail des citations générées. ChatGPT peut se tromper de page, d’auteur ou de date, et pire, produire des références inventées… pour des ouvrages qui n’existent pas. Ce phénomène d’« hallucination » – inhérent à son modèle – est désormais bien connu. En voulant gagner du temps, l’étudiant risque donc de tout revérifier manuellement. C’est un peu comme engager un assistant qui rédige vite, mais qu’il faut constamment repasser derrière pour corriger ses bêtises. L’ironie, c’est qu’on peut finalement perdre plus de temps à démêler le vrai du faux.
"Je veux que l'IA corrige mes tâches pour que je puisse améliorer mon travail.
Pas que l'IA fasse mon travail pendant que je corrige ses erreurs." Sylvain Montmory
Inspiré de : "Je veux que l'IA me fasse la vaisselle pour que je puisse faire mon art. Pas que l'IA fasse mon art pour que je puisse faire la vaisselle. " de Joanna Maciejewska
2. Se familiariser rapidement avec un nouveau sujet avec ChatGPT
"ChatGPT peut accélérer vos recherches en vous fournissant une compréhension de base d’un sujet, utile pour démarrer." Guide de l'étudiant de ChatGPT by OpenAI
Utiliser ChatGPT pour obtenir rapidement un aperçu d’un sujet semble séduisant : le chatbot offre une compréhension de base idéale pour démarrer ses recherches. ChatGPT peut clarifier des concepts clés, donner des définitions précises ou brosser un contexte historique à la manière d’une introduction Wikipédia interactive. Pour un étudiant désorienté ou ayant manqué un cours important, obtenir rapidement une vue d’ensemble, par exemple sur la notion de « destruction créatrice », est un atout indéniable.
Toutefois, la fiabilité de ce « fast content » est à considérer avec prudence. ChatGPT n’est pas une encyclopédie certifiée, mais un modèle qui prédit les réponses les plus plausibles selon son entraînement. Résultat : les erreurs énoncées avec assurance arrivent régulièrement, comme l'a révélé le benchmark SimpleQA d’OpenAI sur la précision factuelle. Obtenir rapidement un aperçu, oui, mais cela nécessite de vérifier systématiquement l’information avec des sources fiables pour éviter les approximations. Un étudiant se contentant exclusivement des réponses générales et convenues fournies par l'IA se privera d’un apprentissage approfondi.
Mieux vaut investir du temps au départ pour assimiler correctement les notions fondamentales plutôt que de devoir corriger des erreurs ultérieurement. Utilisez donc ChatGPT comme un complément pour défricher un sujet, mais poursuivez impérativement votre démarche avec une exploration plus rigoureuse et approfondie.
3. Obtenez une feuille de route des sources pertinentes avec ChatGPT
"ChatGPT peut vous orienter en suggérant des chercheurs, des sources et des termes de recherche utiles. Cependant, il ne remplace pas la lecture de sources primaires et d’articles évalués par des pairs. Vérifiez toujours les faits." Guide de l'étudiant de ChatGPT by OpenAI
Le guide conseille ensuite de solliciter ChatGPT pour orienter ses recherches bibliographiques : « Suggère-moi des auteurs, des sources et des termes de recherche pertinents sur tel sujet ». L’IA agirait comme un bibliothécaire virtuel, indiquant par où commencer et quels noms ne pas manquer. Avantage évident : cela peut révéler des pistes qu’un étudiant novice n’aurait pas identifiées.
Mais OpenAI souligne que ChatGPT « n’est pas un substitut à la lecture des sources primaires » et qu’il faut vérifier les faits soi-même. L’IA peut en effet nous mettre sur la voie, mais aussi nous égarer avec des sources dépassées ou fictives. La « feuille de route » doit donc être prise pour ce qu’elle est : une ébauche à consolider par un vrai travail documentaire. L’autre piège, c’est la tentation de laisser l’IA mâcher la réflexion bibliographique. Sachez que ChatGPT s’est entrainé sur des données nord-américaines et que la moyenne sera basée sur les volumes de données dans sa base. De plus, il n’a plus accès à toutes les sources, par exemple 66% des médias fiables refusent de nourrir les IA. Or, déterminer quelles sources sont pertinentes fait partie intégrante de la compétence de recherche. En poussant l’ironie, on peut imaginer une génération d’experts qui connaissent Kant et Simone de Beauvoir sans jamais avoir ouvert leurs livres.
4. Complétez votre compréhension en posant des questions spécifiques à ChatGPT
"ChatGPT peut vous aider à relier les concepts et à combler vos lacunes en répondant à des questions précises que d’autres sources pourraient ignorer ou rendre difficiles à trouver." Guide de l'étudiant de ChatGPT by OpenAI
ChatGPT est ici présenté comme un mentor disponible 24 h/24, pour répondre à toutes les questions qu’un étudiant pourrait se poser. On ne reste plus bloqué sur un point de détail : l’IA peut donner un exemple, reformuler.
Pour dialoguer utilement, il faut que ChatGPT délivre la bonne réponse… ce qui n’est pas garanti. « Parce que ChatGPT n’a aucune compréhension, il ne connaît pas les réponses véritables à vos questions, seulement des réponses plausibles », explique un analyste. Et si la question est trop orientée, ChatGPT vous apportera toujours une réponse pour vous satisfaire, peu importe si elle est juste.
5. Améliorez avec ChatGPT votre flux en obtenant des commentaires sur la structure
"Une fois votre plan rédigé, ChatGPT peut vous aider à réviser la structure et à améliorer la progression de vos idées." Guide de l'étudiant de ChatGPT by OpenAI
Ici, OpenAI propose de soumettre à ChatGPT le plan ou l’organisation d’une rédaction pour obtenir un retour sur la structure et le flux des idées. En pratique, on peut donner à l’IA la liste de ses parties ou un résumé paragraphe par paragraphe, et demander : « Cet enchaînement est-il logique ? ».
On peut douter de la pertinence réelle de ces commentaires. ChatGPT ne juge pas la solidité de l’argument : il repère surtout les incohérences textuelles et les répétitions. L’IA risque de proposer un plan très old school et sans relief. Or, concevoir le plan d’un devoir reste un exercice intellectuel central. Déléguer ce diagnostic revient à passer à côté d’un apprentissage. En fin de compte, demander conseil à ChatGPT sur le plan peut servir de premier jet d’auto-évaluation, mais s’y fier aveuglément serait hasardeux.
Pour un plan ou autres travaux avec ChatGPT, je vous conseille d’utiliser l’arbre de pensée, la méthode la plus efficace avec les IA et intéressante pour nourrir notre intelligence.
6. Testez avec ChatGPT votre logique avec un schéma inversé
"Le schéma inversé consiste à identifier l'idée principale de chaque paragraphe pour avoir une vue d’ensemble de votre raisonnement. Cela permet d’évaluer la cohérence globale de votre texte." Guide de l'étudiant de ChatGPT by OpenAI
Le reverse outlining consiste à extraire l’idée principale de chaque paragraphe. C’est un moyen de vérifier la progression logique. OpenAI suggère de confier cette opération à ChatGPT : lui demander de résumer chaque paragraphe en une phrase, pour détecter d’éventuels problèmes de cohérence.
Le hic, c’est que laisser l’IA faire le plan inversé court-circuite en partie l’exercice. Normalement, c’est en extrayant soi-même ces idées qu’on prend du recul et qu’on repère les failles. ChatGPT peut raccourcir ou déformer le contenu, comme le relevait l’étude de la BBC, et oublier des nuances. Oui, on peut tenter l’exercice avec l’IA, mais la vraie valeur réside dans le fait de le faire soi-même : sinon, on se prive du bénéfice cognitif.
7. Développez avec ChatGPT vos idées grâce au dialogue socratique
"ChatGPT peut jouer le rôle d’un partenaire de débat, posant des questions pertinentes pour affiner vos idées et approfondir votre réflexion." Guide de l'étudiant de ChatGPT by OpenAI
OpenAI propose aussi de « discuter » avec ChatGPT à la manière de Socrate. L’étudiant expose une thèse, et l’IA pose des questions, soulève des objections, obligeant à préciser la pensée.
Confier ce rôle à une IA est paradoxal. Socrate avait une intention pédagogique consciente ; ChatGPT brasse des phrases. Et si l’IA fournit la moitié des idées, on frôle le plagiat déguisé : ce ne sont plus vraiment vos idées, mais celles du chatbot. Certains voudront citer ChatGPT comme source ; combien le feront ? Par ailleurs, les questions soulevées par l’IA seront souvent convenues, manquant la finesse d’un vrai mentor. On obtient peut-être un débat, mais qui reste un simulacre.
8. Testez avec ChatGPT votre thèse en demandant des contre-arguments
"Pour solidifier votre thèse, demandez à ChatGPT d’identifier ses points faibles et de suggérer des contre-arguments que vous auriez pu manquer." Guide de l'étudiant de ChatGPT by OpenAI
Il est conseillé de tester la robustesse de son argumentation en demandant à ChatGPT de jouer l’avocat du diable. L’IA pointera des faiblesses et proposera des contre-arguments qu’on aurait pu omettre.
Toutefois, ChatGPT ne connaît pas forcément les dernières controverses, et ne dira jamais « change de thèse » si l’objection est trop forte. L’étudiant risque d’« invalider » ou balayer les objections sans vraiment se remettre en question. On préfère affronter un automate docile plutôt qu’un professeur exigeant. L’outil reste intéressant pour s’entraîner, mais ne remplacera pas la capacité à imaginer soi-même les objections possibles que nous aurons à confronter dans le monde réel de l’entreprise.
9. Comparez avec ChatGPT vos idées avec celles des grands penseurs
"Pour solidifier votre thèse, demandez à ChatGPT d’identifier ses points faibles et de suggérer des contre-arguments que vous auriez pu manquer." Guide de l'étudiant de ChatGPT by OpenAI
L’idée proposée par OpenAI est séduisante : demander à ChatGPT d’incarner Kant, Sartre ou même Franck Ribéry pour engager une discussion imaginaire. L'exercice peut sembler ludique et intriguant, stimulant ainsi la curiosité intellectuelle.
Cependant, d'un point de vue académique, cette pratique reste problématique. L’IA ne fait qu'imiter le style et potentiellement déformer la pensée réelle de ces personnalités. Elle pourrait même attribuer à ces auteurs des idées ou des phrases qu'ils n'ont jamais exprimées. Cette approche relève davantage du pastiche que de la véritable confrontation intellectuelle. Plutôt que de se fier à une imitation approximative, mieux vaut consulter directement les œuvres originales des penseurs concernés pour garantir une compréhension fidèle et rigoureuse de leurs concepts.
10. Améliorez votre écriture grâce à des commentaires itératifs avec ChatGPT
"Pour solidifier votre thèse, demandez à ChatGPT d’identifier ses points faibles et de suggérer des contre-arguments que vous auriez pu manquer." Guide de l'étudiant de ChatGPT by OpenAI
Le guide propose ici d’utiliser ChatGPT comme un assistant d’écriture quasi illimité, recevant des brouillons successifs pour proposer des améliorations stylistiques et structurelles. Sur l'écran, cela semble idéal pour affiner la qualité formelle d'un texte.
Néanmoins, le danger réside dans la standardisation et la perte d'authenticité. ChatGPT a tendance à uniformiser le style en supprimant les aspérités ou les particularités d’expression propres à chaque auteur. Si l’étudiant accepte aveuglément toutes les suggestions de l'IA, il risque de diluer le caractère personnel de son écriture. Conservez donc un esprit critique et sélectif lors de ces échanges afin que vos idées et votre voix restent véritablement les vôtres.
11. Utilisez le mode vocal avancé de ChatGPT comme compagnon de lecture
"Le mode vocal peut vous aider à poser des questions et obtenir des clarifications en temps réel, sans interrompre votre lecture." Guide de l'étudiant de ChatGPT by OpenAI
OpenAI vante ici le mode vocal de ChatGPT, permettant de demander en direct l’explication d’un passage ardu sans quitter la page des yeux.
Pratique en apparence, mais comprendre un texte complexe exige souvent de relire, d’annoter, de chercher des interprétations. Se reposer sur l’IA à chaque phrase difficile, c’est se priver d’un exercice de lecture active. L’IA peut mal contextualiser et fournir une interprétation unique là où le passage est ambigu. Cela peut conduire à une dépendance et freiner l’acquisition de méthodes de lecture plus autonomes.
12. Ne vous contentez pas de faire les choses machinalement : perfectionnez vos compétences
"Écrire un devoir ne se limite pas à obtenir une note. Profitez-en pour développer vos capacités de pensée critique et d’expression. ChatGPT peut vous guider, mais c’est à vous de construire votre raisonnement." Guide de l'étudiant de ChatGPT by OpenAI
Enfin, OpenAI rappelle qu’un travail universitaire « n’est pas qu’une note à obtenir » et encourage à utiliser ChatGPT pour améliorer réellement ses capacités de réflexion et d’écriture.
Le paradoxe, c’est de demander à une IA comment devenir meilleur penseur. ChatGPT recyclera probablement des conseils génériques, sans adaptation fine à l’étudiant. L’intention reste louable : OpenAI veut que chacun évite la paresse intellectuelle. Mais un étudiant motivé n’a pas besoin qu’on lui dise « ne triche pas », et celui qui cherche la facilité n’aura guère de scrupules. Ce dernier point sonne donc plus comme une incantation que comme un véritable levier de transformation.
Implications académiques et éthiques : entre opportunités et dérives
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Risque de paresse intellectuelle et de dépendance à l’outil
C’est sans doute la crainte la plus courante chez les enseignants. Chaque étape du travail (recherche, plan, rédaction, relecture) pouvant être déléguée, l’étudiant n’est-il pas tenté d’adopter la solution de facilité ? Confier systématiquement les tâches ingrates à ChatGPT revient à se priver de l’expérience formatrice qui allait avec. À la longue, on peut craindre un affaiblissement des compétences fondamentales : lecture approfondie, critique des sources, argumentation originale, écriture personnelle.
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Hallucinations de l’IA et fiabilité des contenus générés
ChatGPT, aussi impressionnant soit-il, « hallucine » parfois : il peut délivrer des informations fausses, inventer des théories ou des références. Un étudiant pressé pourrait intégrer ces erreurs à son devoir sans s’en rendre compte. D’où la nécessité de vérifier chaque info, ce qui annule en partie le bénéfice de la rapidité.
L’étudiant reste seul garant de l’exactitude et de la cohérence de son travail, même si l’IA l’a « assisté ».
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Fiabilité des sources et citations
Un aspect particulier des hallucinations : ChatGPT peut inventer des références plausibles. Parfois, même quand elles existent, l’IA mal cite l’auteur ou ne respecte pas la nuance d’une source. Un cas célèbre a vu des avocats sanctionnés pour avoir soumis au tribunal des jurisprudences… fictives, fournies par ChatGPT. Cela illustre les risques de s’en remettre aveuglément à la machine pour la rigueur bibliographique.
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Plagiat déguisé et intégrité académique
Un texte généré par l’IA est neuf, donc peu susceptible d’être détecté par les logiciels anti-plagiat traditionnels. Mais sur le plan intellectuel, l’étudiant s’approprie du contenu qu’il n’a pas produit. Le guide d’OpenAI invite à la transparence : « citez vos conversations ». En pratique, peu d’établissements ont formalisé cette citation, et peu d’étudiants voudront mettre en évidence l’ampleur de l’aide reçue.
Article : Scraper avec l’IA : l'impunité du plagiat décomplexé !
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Impact sur l’apprentissage et rôle de l’IA dans l’éducation
La question : ChatGPT représente-t-il un progrès pédagogique ou un dangereux palliatif ? Le guide d’OpenAI défend l’idée qu’il existe de vraies opportunités (tuteur accessible à toute heure, outil d’inclusion, etc.), mais aussi des dérives (triche, informations erronées, pensée formatée). Les établissements tâtonnent : certains renforcent les oraux et travaux en classe, d’autres intègrent l’IA aux exercices en exigeant un recul critique.
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Conclusion : miracle ou mirage pédagogique ?
d’emploi enthousIAste pour un avenir académique augmenté qu’un exercice d’équilibrisme face aux critiques. Les douze conseils fourmillent de bonnes idées (recherches, plan, relecture, etc.), tout en renvoyant à l’image d’un étudiant idéal, capable de trier et vérifier méticuleusement tout ce que l’IA propose. Dans la pratique, les failles demeurent : le temps gagné d’un côté peut être perdu à vérifier les erreurs de l’IA, la créativité stimulée peut se muer en pensée formatée, et l’assistant peut facilement devenir une béquille.
Sur le plan académique et éthique, le guide a le mérite de rappeler les principes de bonne conduite (pratiquer, citer, ne pas tricher) et d’avertir sur les pièges (hallucinations, substitution à l’apprentissage). C’est aussi, pour OpenAI, un moyen de se dédouaner : « voyez, nous fournissons des consignes pour l’usage responsable, à chacun de les respecter ». Pourquoi cibler spécifiquement les étudiants ? Sans cynisme, on peut y voir une réponse aux inquiétudes de l’enseignement supérieur, qui voit dans ChatGPT une menace pour l’évaluation et l’apprentissage. OpenAI cherche ainsi à rassurer, mais ne convertira pas un tricheur patenté en élève modèle.
Ce guide aura au moins le mérite de poser un cadre et d’ouvrir la discussion. Peut-être verra-t-on émerger des chartes inspirées de ces recommandations, ou au contraire plus de restrictions si les dérives se multiplient. Tout l’enjeu consiste à faire de l’IA un outil utile, et non un palliatif. Reste à voir comment enseignants et étudiants s’empareront de ces douze commandements – et si OpenAI saura concilier, de façon crédible, le rôle d’initiateur technologique et de conseiller moral.
« Le prompt ne fait pas l'expert, pas plus que l'habit ne fait le moine. »
Source : A Student’s Guide to Writing with ChatGPT d'OpenAI
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